Jessica Russ
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Crédit photo: Julien Gremaud

Exposition n° 145

Jessica Russ (1988) vit et travaille entre Lausanne et Nyon. Après des études à l’Ecal et un master à la Head, elle a entrepris une carrière de peintre. Elle a exposé à Genève, invitée à l’exposition « Bruits de fonds » par Luc Andrié, à la Villa Bernasconi, ainsi qu’à HIT, projet pensé avec Anne Minazio et Pierre Szczepski. A Lausanne, plusieurs projets et expositions lui ont permis de montrer son travail, que ce soit à l’ELAC ou dans des lieux pensés par des artistes, pour des artistes.

Dans sa recherche picturale les couleurs définissent de manière nette et précise des formes. Se côtoyant de près, vibrant au contact de l’œil, elles suggèrent un paysage mental. Le gris moyen qui les précède toutes n’est jamais directement visible. Cantonné à un usage de fond, il tient pourtant le rôle premier : il s’agit, pour toute couleur le recouvrant, de prendre une certaine indépendance, malgré une influence certaine. C’est une erreur de penser que le gris est neutre, puisque à lui seul, un ton uniforme et mat est donné. Il est question ici d’un travail de coloriste où des teintes qu’on pourrait aisément qualifier de « sourdes » se révèlent les unes aux autres pour plus de complexité.
Les formes dessinées à main levée et définies par la couleur créent un jeu de plein et de vide. Celles du premier plan se cachent derrière leurs camarades et inversement, l’œil ne saurait les placer de manière définitive. Parfois, des ronds servent de repères dans ce va-et-viens oculaire. Les formes peuvent évoquer aussi bien les courbes du corps que les aléas de la géométrie. Il arrive ainsi qu’une colline soit aussi sensuellement évoquée qu’une paire de fesses, que le soleil se dédouble pour mieux convenir à la symétrie du corps, ou que de simples points deviennent nævus. Il est question de ramener le corps dans le paysage en suggérant sans jamais en dire d’avantage.
Un cadre métallique entoure la peinture, et donne une assise au regard sans l’interrompre, de par la présence du hors champ. Il prend dans son travail le rôle d’une limite implicite que porte par essence la notion de paysage bien que l’horizon, présent en chaque changement de couleur, est par définition hors d’atteinte.
Un champ de possibles est offert au regardeur, rappelant que la peinture n’est en somme rien d’autre que de la pensée poétique.