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Photographies : Guillaume Python

 

 

Que faire face à un espace qui me refuse ? Ses normes obéissent à une logique qui ignore
mon corps, dans un monde où la dominance d’une certaine idée de l’ergonomie s’évertue
à fluidifier mon environnement (qu’il soit matériel ou digital) pour faciliter toujours plus
mon accès (celui de ma part de capital) au produit.

En me forçant dans l’espace, j’extrais un plaisir de cette friction. D’abord, j’explore la situ-
ation: il s’est passé ici des choses qui ne me concernent pas. Quel·les·x sont les acteur·ices·x

de ces événements ? Quelles formes de vies sont-elles ? Qu’est-ce que les traces de leurs
habitudes disent d’elles ? Puis, j’interroge la logique de constitution de l’espace : comment
ses architectes ont-iels traduit leur compréhension des besoins de ce qui, de ce comment,
en paramètres de construction? Le désintérêt que me manifeste le lieu m’offre un pouvoir
d’action: une imagination spéculative.
Cette même attitude spéculative est au cœur de la méthode appliquée par le duo d’artistes.
Comment penser un lieu qui ne soit pas fait pour soi, et, si le «soi» peut être étendu à
«humain» et «lieu» à «monde », comment désanthropocentrer notre idée du bâti ?
De toute évidence, une forme d’échec est inhérente à cette méthode. Elle est de nature
cognitivo-philosophique : l’impossibilité de sortir de soi. On la retrouve ici dans l’exercice
de design; bien que la logique ergonomique ne soit pas appliquée à l’humain, design et
ergonomie demeurent des systèmes de pensée humains en essence. L’application est décalée
mais le rationnel identique. C’est peut-être la différence entre une construction pour
une entité non-humaine ou par elle.
La tragédie de cet échec intrinsèque peut amener à deux états émotionnels. D’un côté le
désespoir; enfermé·es·x en soi et épuisé·es·x d’y tourner en rond, on développerait
une expression formelle exerçant un cynisme dystopique. De l’autre, une acceptation
menant, elle, à une potentielle auto-dérision faite d’une forme d’espoir. C’est cette seconde
position que proposent ici Margot et Guillaume. En ré-injectant le culturel après l’avoir
dénié, en s’appropriant les chants de bêtes pour en extraire un morceau pop, iels sourient
à l’impossibilité d’échapper à leur échec, et, ainsi, celui-ci devient le nôtre à tous·tes·x.

Bastien Gachet

Deux pattes bon! Quatre pattes mieux !
2023, dimensions variables
Bois de bardage, acier, vis, ampoules, gélatines, son (8min01, loop)
Margot Sparkes (*1993, Paris, FR) et Guillaume Baeriswyl (*1996, Fribourg, CH) sont un duo d’artistes basé·es
à Genève, actif depuis 2021. Les deux artistes sont diplomé·es d’un Bachelor de l’ECAL et suivent actuellement
le Work.Master de la HEAD/Genève. Leur travail a été exposé à l’espace Live In Your Head à Genève, dans le cadre
d’une exposition collective curatée par Fabrice Gygi. Individuellement, leurs travaux ont été montrés à Bienne,
Renens, Yverdon, Paris, Angoulême, Nice, Gwangju et Seoul.
Les artistes tiennent à remercier Nicolas Ponce, Virginie Sistek, Anouk Maupu, Yul Tomatala, Bastien Gachet,
Thomas Prost, Niels Hung, Xavier et Alexandre des ateliers de la HEAD, la Fondation Leenaards, ainsi que
toutes les personnes ayant rendues possible cette exposition.