From Jeans to Genes par Guy Meldem

Vernissage vendredi 7 décembre 19h00
Visible jusqu’à fin décembre 2018.

Dans le cadre des Urbaines OFF, La Placette présente «From Jeans to Genes», une exposition de Guy Meldem.
Guy Meldem est né à Apples en 1980. Après un Master en Arts Visuels à l’ECAL, Lausanne (diplômé en 2012), Guy s’installe entre Apples et Berlin. Il conçoit son travail comme du «Pop Art décroissant».

Les nouveaux rudiments

Alors que le compartimentage de mon temps m’angoissait déjà, lui, multipliait les collaborations dans la musique et l’art, et s’engageait aussi dans des associations et des initiatives collectives de recherche.

Fasciné je crois par les tensions entre énoncé et contexte, Guy Meldem pratiquait les processus décisionnels et le débat un peu à la manière d’un enfant qui dissèque des lézards. Il en a acquis une idée de l’usage moral des compétences. Il appelle à l’insurrection au sein des corporations avec lesquels il a le plus d’accointances et rappelle le rôle des spécialistes du son, de l’image et du paysage, qui sont aujourd’hui les ingénieurs d’un panorama esthétique constipé.

Les Couples sont des scénarios domestiques qui présentent deux personnages spectraux et pâteux, entre l’étreinte et la lutte, tracés de la pointe du doigt dans le mortier. Avec cette série ouverte, Guy Meldem  élabore une version humiliée du world at your fingertips de Easyjet. Ces couples fonctionnent comme une ponctuation dans la grammaire du travail: les propositions spatiales in situ sont des démonstrations par étapes successives, des doigts jusqu’à la structure du bâti. Elles miment scandaleusement les propositions esthétiques avant-gardistes en leur donnant l’allure d’un barbecue après la pluie. Pas concerné par le sarcasme et le cynisme , Guy Meldem explore l’essence de l’utopie, c’est à dire un projet qui réunit l’artiste, l’ingénieur-e et l’ouvrier-ère à parts égales autour d’un projet commun d’émancipation.

De ses installations, il récupère des fragments qu’il isole et entrepose pour constituer un nouvel ensemble de sculptures, les restaurations (restored versions). Généralement des enveloppes rigides, ces fragments conservent encore la forme et les cavités de la structure qui les soutenait. Comme une mue, le travail s’ouvre alors sur un second chapitre, moins programmatique, et acquiert une mobilité dialectique nouvelle. Les oeuvres de Guy Meldem, en renonçant à se fixer, accompagnent des récits multiples que l’on peut examiner et investir à mesure que l’histoire avec un grand H se déboite. Au lieu des perpétuelles avancées technologiques, il propose les nouveaux rudiments. En terme d’organisation politique, il propose une complexité à échelle locale, qui a les contours de l’anarchie.

Il semble que l’appellation post-internet ait enfin atteint son point d’obsolescence final. Un peu partout, des pratiques artistiques artisanales et lo-fi ont intégré la dimension physiologique des effets des technologies contemporaines. Les objets et les matériaux y prennent une dimension poétique ou politique nouvelle informée par leur médiatisation. Si on y porte attention, l’expérience peut être intimidante: c’est une extension du sensible qui sollicite fermement un changement des standards de décodage consacrés, un questionnement des usages et un effort d’empathie.

Philippe Daerendinger
Photos: Julien Gremaud / La Placette

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